En 2003, après l’obtention d’un BA à l’Université de Technologie du Queensland, elle rentre à Taïwan et travaille jusqu’en 2006 au sein de la compagnie Dance Forum Taipei. Elle travaille ensuite en free-lance pour divers ensembles taïwanais de danse, de théâtre et de musique. En 2010, elle obtient un Mastère ès Arts (MFA), spécialité chorégraphie, à l’Université nationale des arts de Taïpei.

En dépit de sa jeunesse, TUNG I-Fen est une chorégraphe qui a déjà une riche expérience de collaboration avec des metteurs en scène de théâtre et avec des artistes d’arts visuels. Ainsi travaille-t-elle depuis plusieurs années avec FU Hong-Chen, le directeur artistique de M.O.V.E. Theatre, comme performeuse, mais aussi comme chorégraphe ou conceptrice de la gestuelle, pour élaborer des pièces de « théâtre physique ». Elle a également travaillé avec des artistes d’installations artistiques. Cette exploration de voies multiples et non conventionnelles de création, via une collaboration avec des artistes d’autres disciplines, lui a permis de cultiver une expression corporelle à fort impact émotionnel, pleine de tensions et d’explosions d’énergie. C’est un style très personnel qui s’affirme dans chacune de ses créations – très attendues et appréciées à Taïwan –, au travers de chorégraphies, d’une esthétique et d’une approche spécifiques du corps.

Sur la base du travail de création, de réflexion et de mise en œuvre qu’elle mène depuis des années, TUNG I-Fen s’oriente à présent vers une conception plus philosophique du corps. Elle s’intéresse plus particulièrement à toutes les formes de dialogue corps/voix que la scène permet de réaliser, en intégrant des considérations à la fois esthétiques et sociales. Ainsi utilise-t-elle sons et bruits – voix monocordes, sons électroniques expérimentaux, musique rythmique, voix de théâtre parlé, bruits physiques de collision des corps dans l’espace, etc. – qu’elle entremêle et superpose pour en faire une sorte de rôle à part entière, dialoguant avec les corps des acteurs en mouvement pour évoquer les rapports qui s’établissent entre genre, autorité et politique.

Crédit photo © Fangas Nayaw